« Apprendre à pêcher plutôt que donner du poisson » … le mantra du manager éclairé !?

Faisant fonction de cadre de santé depuis un an, je suis confronté à l’accompagnement des soignants dans l’apprentissage de nouvelles pratiques. L’évolution de l’hôpital vers le numérique et les nouvelles technologies vont de soi mais il ne faut surtout pas oublier les générations de soignants n’étant pas né un smartphone à la main. Je suis donc régulièrement amené à former ces collaborateurs pour leur éviter un décrochage dans les nouvelles pratiques.

Ce qui me frappe, je le vois tous les jours, c'est que le changement est bien plus profond qu’une appropriation de nouveaux outils digitaux. Il interroge directement le rapport des personnes à leur travail, et des managers à leur pratiques de management.

Ma sensibilité m’a amené à m’engager avec résolution dans une voie que j’expérimente chemin faisant.

Selon moi le cadre de santé ou cadre de proximité se doit d’être un leader dans l’accompagnement auprès des équipes. Il a une place à deux niveaux, proches et être à l’écoute mais aussi être garant de la qualité des soins prodigués dans l’établissement. Le cadre de santé à un rôle de contrôle et d’évaluation en se basant sur sa propre expérience et ses connaissances.

Le cadre de proximité se doit d’être suffisamment proche et présent pour être à l’écoute des problèmes des équipes et de l’institution et réussir à les analyser et aider à trouver une solution adaptée au terrain tout en gardant une vision globale sur la structure. Sa rigueur fait de lui un élément sur lequel on peut compter, même dans les moments difficiles. Il doit aussi savoir laisser une certaine distance pour permettre une autonomie aux équipes.

Il se doit d’être bienveillant et équitable envers les équipes qu’il gère, favorisant une atmosphère propice aux propositions émanant des équipes pour qu’elles s’approprient leurs outils de travail. Il doit aussi laisser la possibilité d’améliorer et ne pas être dans un objectif de performance immédiat.

Le cadre de santé est une personne ressource que les équipes viennent solliciter lorsqu’elles en ont la nécessité et le besoin. De son expérience il a tiré des enseignements qu’il applique au quotidien pour faire avancer des projets. Ses compétences pédagogiques lui permettent d’enseigner à l’autre, et non se substituer à lui. Il vaut mieux, selon moi, prendre le temps d’« apprendre à l’autre à pécher plutôt que de lui donner du poisson ». Valoriser les collaborateurs dans leur autonomie est un enjeu d’ordre tellement supérieur.

Il doit savoir s’adapter à toutes les situations qu’il peut rencontrer dans l’exercice de sa profession. La multiplicité des tâches et le nombre de domaines où le cadre de santé est au centre des décisions fait de lui une personne qui doit savoir analyser les répercussions de ses décisions.

Il doit faire preuve de curiosité intellectuelle et être en adéquation avec son temps. Ne pas se reposer sur ses acquis mais rester en éveil aux nouveautés. En effet le monde de la santé est en perpétuelle évolution, ne pas s’adapter serait un frein pour lui. L'expérience est un aout qui se gagne avec le temps.

Il doit savoir se remettre en question et accepter de ne pas être parfait. Devant être capable de prioriser ses actions et devoir en reporter certaines. Sa capacité à prioriser est un atout indéniable à l’exercice de son métier de cadre de santé, du fait des multiples demandes auxquelles il doit répondre au quotidien.

Il est un moteur des projets institutionnels. Pour fédérer il doit savoir insuffler aux équipes l’envie de travailler en collaboration pour un projet commun, tout en étant rassurant sur l’évolution des structures de soin.

Car oui l’inconnu est souvent source d’angoisse. Mais l’immobilité n’est-elle pas source d’ennui et de désengagement ?

C’est le “genre” de cadre de santé que j’ai rencontré lors de mon parcours, qui m’ont inspiré et avec lesquels j’ai pris plaisir à travailler. C’est celui que j’ai décidé d’être.